Parfums

Action furtive, mai 2010

Dans ma banale vie je fus un jour exalté de parfums qu'exhalait le monde jusque là si fade. C'étaient les troublants annonciateurs de l'amour.
-Marcel Proust

En septembre 2007, la jeune femme assise à côté de moi dans l'avion Montréal-Calgary lit une revue de mode. Elle est habillée à la toute dernière mode. Elle détache soigneusement les rabats des publicités sur lesquels sont vaporisés des parfums; elle les respire, puis en frotte ses poignets, son cou et son visage, d'une manière de plus en plus frénétique, mélangeant toutes les essences. Je suis profondément bouleversé par ces gestes à la fois simples et énigmatiques, ambigus et sensuels, presque à la limite de la décence. Inscrits dans ma mémoire, ils me parlent de désir, de séduction et des excès de la société de consommation.

J'ai voulu recréer et interpréter ces gestes dans différents contextes. J'aime l'idée de plusieurs publics différents ou de l'absence de public. C'est pourquoi j'ai prévu plusieurs versions de cette action : dans l'autobus (la ligne 24, qui traverse les quartiers chics de Westmount et du centre-ville de Montréal, rue Sherbrooke); au comptoir de parfums pour hommes du grand magasin La Baie et à la galerie Skol, près du comptoir d'accueil, comme si je venais lire des revues pour tenir compagnie à la personne préposée à l'accueil. J'étais curieux de voir comment les différents contextes apporteraient des variations dans la signification des gestes.

Avec Parfums, je souhaitais amener ma démarche de performance dans le champ de la pratique furtive, ce qui constituait pour moi une nouvelle étape que je continue d'envisager avec beaucoup d'enthousiasme.